Broyeurs de cadavres
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Forum de méta-coalition (jeu Hordes.fr)
 
AccueilPortailDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
ETB Pokémon Fable Nébuleuse : où ...
Voir le deal

 

 Renaissance...

Aller en bas 
AuteurMessage
BigM
Chaman
BigM


Messages : 783
Date d'inscription : 09/07/2009
Age : 41
Localisation : Entre le temps et l'espace...

L'Enfer Putride - Feuille de personnage
Point de vie:
Renaissance... Left_bar_bleue5/5Renaissance... Empty_bar_bleue  (5/5)

Renaissance... Empty
MessageSujet: Renaissance...   Renaissance... Icon_minitimeMer 2 Nov - 10:46

*RP en cours, des modifications peuvent être apportées et la fin reste à écrire*

Il est sept heure du matin, un bolide blanc file dans la nuit vers la folie des bureaux parisiens. A son bord, un jeune homme sirote prudemment un thermos de café brulant en surveillant le flux sporadique des véhicules. Le casque de son lecteur MP3 résonne d’un air envoutant, il est parfaitement réveillé et alerte, bien qu’un peu mélancolique de sortir brutalement de son week end. Il chantonne doucement, puis plus franchement, profitant du confinement de l’habitacle pour dissimuler la particularité de sa voix, se laissant aller à la bonne humeur qui s’installe mollement. Le cuire de son manteau craque tandis qu’il négocie avec habileté les virages qu’il connait par cœur, sorti de courbe, il ré-accélère et… et soudain, un homme au visage hirsute, les vêtements déchirés fait maladroitement irruption sur la route.

Le jeune homme, surpris et épouvanté par le risque d’impacte, freine de toutes ses forces… l’image de l’homme s’imprime sur sa rétine : Un visage blême, le regard vitreux, la bouche tordue par un rictus étrange. Ses vêtements sont couverts de taches brunâtres, d’une main il tient un os encore a moitié couvert de chair, dans l’autre… il n’y a pas d’autre. Son deuxième bras a été arraché à la hauteur du coude… horrifié, le jeune conducteur n’a pas le temps de réaliser, ses reflexes ont travaillé avant sa raison : il a braqué à droite, violement. Une petite voix résonne dans sa tête « Et non garçon, une voiture lancée a 110km/h, ça ne s’arrête pas comme ça… ». Il n’a pas le temps de se reprendre, à sa droite il y avait un talus, talus qui l’a propulsé dans les airs… son regard tombe 5 mètres en contre bas, sur la bretelle d’insertion de l’autopont : son cœur rate un battement. La voiture tourne sur elle-même… à l’intérieur il est balloté, bousculé… le corps est maintenu au siège par sa ceinture de sécurité, ce sont ses bras qui frappent l’habitacle, sa tête qui est projetée de droite a gauche… seule reste imprimée dans sa rétine cet homme… Le temps lui paraît tellement long, il se pense prit dans une stase, chaque mouvement, chaque vrille… la voiture se dirige pourtant tel un boulet de canon, vers la forêt qui borde la route. Soudain c’est l’impact : Le bloc moteur est broyé, le châssis pli littéralement… La voiture perd de sa vitesse, part en un tête à queue aérien, un nouvel impact, à l’arrière cette fois, le part brise du coffre explose tandis que le haillon se repli comme un journal… une branche s’enfonce brutalement dans l’habitacle, traverse les sièges et empale le conducteur à son siège, la douleur est fulgurante… il s’évanouit instantanément…


Le Chaman se réveilla en hurlant et se leva en un éclair, haletant, le cœur battant la chamade, de grosses gouttes de sueur perlant sur son front. Il s’étreignit la poitrine en essayant d’en calmer les palpitations, sa respiration suffocante était entrecoupé de hoquet de terreur pure.

Il resta de longues minutes, plié en deux, à essayé de se calmer… de chaudes larmes lui vinrent finalement et BigM s’effondra sur le sol de son abris. Le cauchemar était si réel… il pouvait presque sentir le gout de son sang entre ses lèvres, la douleur épouvantable dans sa poitrine, les relents d’huile chaude du moteur explosé et le froid de la mort qui s’installe. Cette terreur nocturne était provoquée par le souvenir de sa première rencontre avec les zombies et avec la grande faucheuse elle-même. Le Chaman était déjà mort une foi… pendant quelques minutes, dans l’ambulance qui l’avait emmené à l’hôpital, juste avant que le chaos ne se déclenche. Il avait ressentit son étreinte glaciale tandis que le cuivre de son propre sang inondait sa gorge et qu’une douleur absolue déchirait son torse. Cette sensation, il l’avait purement et simplement occultée, oubliée dans le tréfonds de sa mémoire, enterrée sous les sédiments de ces vies qui se succédaient.

Ses arabesques se firent rubans, elles l’enserrèrent doucement, le couvrant de caresses rassurantes, leur chant de l’esprit ainsi que leur chaleur asséchèrent doucement ses larmes. Il resta ainsi, prostré en position fœtal… quelque chose avait éveillé ses affres, ces horreurs qu’il n’avait pas ressenti depuis des lustres… depuis qu’il était le Chaman. Il releva la tête, le tissu de sa tente claquait au vent et laissait, au gré de ses flottements, entrevoir le bleu noir du ciel nocturne picté d’étoiles. BigM se laissa lentement tomber au sol, rampa vers la sortie, passa la tête au dehors et regarda fixement la pleine lune en essayant d’y percevoir une réponse à ses interrogations. Loin au sud, un zombie poussa un hululement déchirant, le citoyen vit une ombre noire traverser le ciel, le croassement du corbeau fut la seule réponse que reçu l’appel du putride. BigM laissa son regard flotter lentement dans la pénombre de la ville, il s’arrêta finalement sur la forme austère et lugubre de sa taverne. Il se leva péniblement, s’épousseta vaguement et, sans même prendre le temps de s’habiller correctement, se dirigea vers la bâtisse plongée dans le noir de l’inactivité. De lourdes planches barraient la portes et les fenêtres, le Chaman resta là, à regarder ce qu’il avait fait la veille, à se poser milles questions.

Il ferma les yeux et posa délicatement ses mains sur le bois.

Les souvenirs l’assaillirent, la bouffée de nostalgie le frappa de plein fouet si bien qu’il ne peut retenir un râle de surprise et faillit tomber à genoux. Il se rappela de l’ouverture… des premiers de ses camarades à en fouler le sol : Bart, Kalaoum, Patao, Bobbarker, RiverTam, DoubleKif, Noireaude, Xantou, l’Haruspice, Tetedos, Pados, Tiserius, Lapinator… Le visage de l’éclaireur s’imposa à l’esprit de BigM, son éternel clope, son austérité, sa gentillesse mal dissimulée, ses multiples personnalités… Le Chaman s’effondra totalement, il était loin ce temps mais les souvenirs restaient frais, les sentiments toujours aussi francs. Nibeluna, Coilla, Trashdoom et de tous ses camarades de première méta, de tous les broyeurs, tous les Indigérables, les HDT… l’incroyable nombre de personnes qui avaient foulé les planches usées de cette taverne lui donnait le tournis.

Le Chaman se releva d’un bond, une forme de rage coupable lui enserrant le cœur, il arracha violement les planches à mains nues sans se soucier des échardes et coupures qui firent couler son sang. Il se figea finalement quand la porte fut complètement dégagée, soudainement impressionné par le vide de sa propre taverne. Il s’y engagea prudemment, comme si il avait peur d’être avalé par la bâtisse… Il embrassa la salle du regard, caressa le bois du bar, posa avec respect ses doigts sur les murs, gravi les escaliers et inspecta la mezzanine, fit le tour de la cave : rien n’avait bougé depuis le début de sa propre existence. Elle était resté la même depuis qu’il l’avait découverte, fidèle, se gorgeant lentement des événements qui s’y étaient déroulé.
Le citoyen remonta et, avec un respect infini, s’assit lentement sur le planché pour y poser ses paumes. Il ferma les yeux et laissa ses arabesques glisser sur le sol, elles formèrent une spirale stylisée qui scintilla bientôt d’une lueur bleutée. BigM y laissa filtrer son esprit, se connectant totalement à son environnement, laissant les fantômes des citoyens ainsi que leurs empruntes l’envelopper. Un véritable océan l’englouti presque instantanément… il n’eu que le temps de réguler le flux pour ne pas céder a la folie de tant de souvenirs. Des vagues incessantes s’écrasèrent sur les rivages de son esprit charriant avec elle leur lot de sourires, de larmes, de rires et de cris. Il y avait eu tellement de choses de dites, de chansons, de danses, de confidences… de baisers… BigM ne put réprimer un frisson quand il se vit embrasser Celas pour la première fois.

Il y avait tellement de choses… des soirées endiablées, des coups de gueule, des confidences, des rencontres, des jeux, des miracles, des drames… des déclarations, des défis, des bagarres, de longues soirées de discutions… BigM y avait refait le monde maintes et maintes fois avec Lapinator, il y avait connu la souffrance sentimentale avec Nibeluna et une forme d’amour si propre à leur couple avec Celas. La bâtisse avait été un temps le siège de l’académie des câlins avec Bobbarker… ce refuge plein de coussins, de tendresse et de réconfort… il se souvenait de la patience avec laquelle Patao avait fabriqué le premier coussin de l’académie à partir de restes de fauteuil d’avion… carcasse qu’on ne trouvait plus de nos jours. Il se souvenait des soirées de débauches menées par Bobb et RiverTam, des plans de batailles et de gestion de ville mis en place par Bart… Il se souvenait aussi du temps ou il n’était qu’un simple Héraut, chantant et récitant les faits d’armes de la Styx’Coalition, il se souvint de sa création en temps que Chaman et ses premiers pas dans l’incompréhension de ses pouvoirs, les runes, les arabesques, les complications avec Nibeluna, la fois ou il avait faillis la tuer, leurs disputes incessantes. Il se souvenait des premières batailles de boules de sable, des jeux de Surfing Sand, des concours de poèmes, des concours de chant, des breuvages tous plus étrange les un que les autres et leur effets tantôt surprenant, hilarant ou dérangeant… les histoires contées par les différentes personnes se succédant entre ces murs... les mélanges BigBang mis au point par les artificiers de la Styx’ Coalition. Le souvenir de l’Ombre refit surface… cette femme si étrange, si gentille… si meurtrie… son fantôme hantait toujours les murs de la taverne avec une netteté que BigM ne soupçonnait même pas. Un long frisson lui parcouru l’échine… il y avait tellement de choses, de visages, de sentiments qu’il cru sombrer dans la folie. Il s’accrocha désespérément aux garde-fous de sa raison, balloté dans la tourmente de la profusion de ressentis.

Il y avait trop de souvenirs dans cette taverne et le citoyen se senti bien vite noyé dans un univers de sentiments ou chaque étoile était un souvenir brillant de milles feux. Il rouvrit lentement les yeux, de grosses larmes lui coulèrent lentement sur les joues alors que le souvenir cuisant de la première fermeture lui revenait : la mort des Broyeurs de Cadavres. Ce moment épouvantable, quand les derniers membres de la méta étaient repartis à leur survie, quand le Chaman était demeuré seul sur son roc… Il était resté là-haut de longues nuits à regarder le ciel, à attendre un signe du destin, un signe que tout n’était pas perdu et qu’il avait encore sa place dans le désert…
C’est à ce moment de doutes qu’il avait rencontré Celas… BigM revécu soudainement leur relation… l’incroyable complicité qui existait entre eux deux avait été possible surtout grâce à la taverne, il la revoyait, assise en tailleur sur le bar, à siroter ses verres de DLM et à animer les soirées. Ils se revoyaient se cherchant, se trouvant doucement, apprenant énormément chacun l’un de l’autre. Il revoyait leurs câlins, leurs moments plus difficiles… son sourire, sa force de caractère, la beauté de ses traits, son espièglerie… au-delà de son amante, elle était devenue Chaman à son tour… elle le soutenait entièrement et le citoyen savait que sans elle, il serait retourné aux limbes depuis bien longtemps. Il y avait tellement de choses entre eux, de joie comme de peine, de combat, de courage… il revit les nuages dans la taverne des Cat’s… elle était… tellement pour lui…
Il réalisa qu’elle était devenue… celle qui le calmait, qui le temporisait, elle était la sagesse qu’il n’aurait jamais, elle était son aurore sur les ombres de sa colère… son fanal dans les ténèbres de ses doutes. Bien des fois elle l’avait ramené du néant, elle veillait sur lui et l’amour qu’elle lui portait le faisait vivre.

Le Chaman poussa un cri ou se mêlaient désespoir et tristesse alors qu’il s’arrachait aux souvenirs que la taverne lui restituait. Les arabesques quittèrent lentement le sol pour reprendre leur place, à nouveau, elles se firent rubans pour réconforter BigM et le renforcer. Il resta coucher sur les flancs un long moment, à sangloter sur la folie de son geste : L’essence même de ce qu’il avait vécu ces trois dernières années vivait entre ces murs… peu importait comment il l’appelait, la taverne restait son refuge, son sanctuaire et rien ne lui retirerait cela. A cet instant précis il prit sa décision : invoquer les 7 et faire s’élever à nouveau le Rok, faire renaitre la ville et surtout la taverne… faire renaitre l’essence des broyeurs et leur refuge privilégier. Il se releva péniblement et sorti de la bâtisse sans vie, se promettant de lui redonner la place qu’elle méritait dans son cœur… peu importe ce que ça lui couterait. Il quitta la ville encore endormit pour se rendre dans le désert d’un pas résolu marchant plusieurs kilomètres. Il trouva finalement une zone rocheuse, plane, globalement circulaire et large de prêt de trois cents mètres, il s’assit en tailleurs en son centre, posa ses paumes sur le sable, ferma les yeux tandis que les vents froids du désert battait la peau nue de son dos.

BigM fit le vide en lui, cherchant le calme le plus total afin d’écouter la mélodie élémentaires que les vents lui jouaient. Il se concentra sur la caresse du sable entre ses doigts, sur la pureté des eaux qui cheminaient sous ses pieds, sur le feu brulant du cœur de la terre et sur le chant envoutant du vent. Il calqua très lentement la musique de sa propre essence sur la symphonie élémentaire qui se jouait tout autour de lui et fit résonner une note très pure… un appel.

Ses runes et arabesques s’agitèrent comme autant de serpents dérangés, les premières scintillèrent d’une lueur de pouvoir bleutée tandis que les tatouages cabalistiques se firent fouets cinglants. C’était comme si le torse du Chaman était constellé de tentacules agressives et mortelles qui tentaient d’attraper ce qui passait à leur porté. Elles se calmèrent finalement et coulèrent doucement de sa peau… prirent lentement corps et s’enfoncèrent dans le sable comme autant de racines. D’étranges ramifications épineuses bourgeonnèrent bientôt, tracèrent un axe de 150m de long ayant comme centre BigM, puis elles se séparèrent et encerclèrent le citoyen. Le cercle, mouvant, s’agitait comme un immense serpent noir épineux qui vira doucement au rouge cramoisi… Le Chaman accentua sa concentration : Les runes se mirent à fumer de volutes bleues électriques qui l’enveloppèrent en un cocon d’énergie. Ainsi protégé, il se laissa glisser lentement dans les abysses de sa conscience… commença alors la longue chute libre vers les paliers ultimes que le Chaman connaissait si bien. Mais cette descente n’avait rien d’anodine : il savait qu’au-delà des paliers de sa conscience résidaient les chimères… et qu’il se devait d’en faire venir une.

Il écarta consciencieusement les voiles de son esprit, traversa avec délicatesse les membranes de ses souvenirs tandis qu’il cherchait le chemin des Nexus de son essence. Il combattit les ersatz de ses propres ténèbres : des avatars de Lotthar qui l’assaillirent continuellement. Il suivit néanmoins les flux et torrents de pensées, ils le guidèrent au plus profond de lui-même, à la rencontre de son Alpha et de son Omega : les perles de lumière et de ténèbres. BigM trouva les deux entités en une sorte de caverne dont les parois semblaient avoir été sculptées à même un bloc de sang coagulé. Là, les deux sphères tournoyaient doucement sur elle-même, gravitant doucement dans un silence parfait. Il se tourna d’abord vers la perle noire, sa surface d’obsidienne lui renvoyait un reflet déformé par la colère, la rage, les larmes… le désespoir. Toutes les douleurs, tous les sentiments noirs du jeune homme étaient concentrés ici en cette sphère parfaite, il en approcha néanmoins la main et en effleura la surface : une décharge de fureur pure lui broya le corps. Il sentit la main griffue d’un avatar de Lotthar lui enserrer le cœur, le lacérant de ses barbelés. Le Chaman ne put réprimer un glapissement de terreur, l’avatar sembla s’en délecter et se fortifier… la douleur était atroce, cependant, le cœur au bord des lèvres, BigM trouva la force de murmurer :

Les profondeurs abyssales,
Recèlent en leur tréfonds.
Dans leurs fosses infernales,
S'y ébattent nos démons.

Repas des terreurs,
Appétit frénétique.
Infernaux dévoreurs,
Adorateurs frénétiques.

Leurs danses, leurs cris,
Résonnent dans nos cœurs.
Immondes gargouillis,
Échos des déchireurs.

Leurs vents de folie,
Attisent nos erreurs.
Leurs chants impies,
Tempo de nos peurs.

Dans leur citées cyclopéennes,
Guettant les heures sombres.
Attendent la géhenne,
Vers le temps des ombres...

L’étreinte barbelée s’évanouie comme elle s’était installée, l’avatar de Lotthar se replia sur lui-même, comme avalé par sa propre substance. Un soupir d’outre tombe accueillit BigM aux confins de sa propre noirceur, la sphère s’agita de quelques soubresaut avant d’accoucher lentement d’un œuf aux reflets obsidiennes. Le Chaman le prit avec une infinie délicatesse, une simple pensée le matérialisa à la surface, à coté de son corps physique.
Il se tourna ensuite vers la perle de lumière, elle scintillait littéralement de milles feu et lorsqu’il y plongea le regard, le Chaman perçu l’essence de sa joie de vivre, de ses espoirs, de son amour. Il en effleura la surface et faillit être renversé par la gifle de bonheur pur qu’il ressenti… il avait tellement de raison d’être heureux malgré l’enfer dans lequel il vivait qu’il ne pu retenir ses larmes. Il murmura doucement :

Dans les citées cristallines,
Vivent les clairs esprits.
De leur voix sibyllines,
Elles bercent vies.

Leur passion, leur chaleur,
Exaltent nos esprits.
D'une formidable douceur,
Qui jamais ne faiblit.

Effacent nos larmes,
Armures éternelles.
Prodiguent leurs charmes,
L'onguent originel,

Leurs charmes apaisants,
Ballaient la méfiance.
Les embruns reposants,
Calment les consciences.

Dans leurs tours d'ivoires,
Elles guettent leur ère.
Elles surveillent l'histoire,
Le temps de la lumière...

Un œuf de lumière se matérialisa au cotés de BigM, il brillait d’un éclat absolu et irradiait de la douce chaleur d’un matin d’été. Le citoyen quitta la niche de l’Alpha et de l’Omega pour se rendre auprès des chimères, au plus profond de lui-même, là ou siégeait le Nexus de son propre imaginaire.

Le Chaman déchira doucement les voiles de sa propre perception pour entrer en une niche de cristal. Le décor, en constante reconstruction, était des plus spectaculaires… c’était comme si rien ne pouvait être figé en ce lieu. D’étranges être et créatures peuplaient l’espace, marchant, nageant, volant ou même tournoyant entre les volutes d’énergies imaginaires. Des citées se construisaient en un instant, des mondes, des univers… pour périrent en quelques secondes, Pétrie d’inconstance, l’imaginaire du Chaman bouillonnait littéralement de ses idées, des ébauches de tout et de rien naissaient et mourraient dans le même espace temps en une cacophonie ultime. Là, au cœur même de leur création, les Chimères, les dragons de l’imaginaire virevoltaient tranquillement. BigM fut émerveillé de rencontrer pour la première fois les architectes de sa propre pensée, il s’approcha lentement pour les toucher, elles le regardèrent et se laissèrent faire, donnant ainsi au citoyen le loisir d’étudier le produit de ses pensées les plus intimes.

- Les chimères ne peuvent être invoquées, murmura le Chaman, elles doivent être créées. Il poursuivit donc doucement :

Juste une ombre, une pensée,
Un reflet de l’esprit.
Une étincelle de vérité,
L’embryon d’une vie.

Une âme se contorsionne,
Sous cette onde vibrante.
L’espace entier résonne,
D’une mélopée enivrante.

Dans l’espace en ébullition,
Gravite l’esprit en genèse.
Dans le temps en distorsion,
De l’énergie, non de la glaise.

Dans les possibilités entrouvertes,
S’agite doucement la crinière.
Depuis les éventualités secrètes,
S’éveillent l’âme et la chair.

Qui implosent et fusionnent,
La réalité est en émoi.
Puis l’irréalité frissonne,
Ainsi naquit Algieba…

A la surface, un œuf aux reflets nacrés se matérialisa à coté des deux autres, BigM considéra la future Chimère Algieba… remonta à la surface de son esprit et rouvrit lentement les yeux.

Le cercle d’arabesques qui entourait BigM était plus vivace que jamais, les barbelés continuaient de se vriller profondément dans le sol tout en se ramifiant. Les quelques putrides qui tentaient d’approcher du Chaman étaient inexorablement empalés par les barbelés cabalistiques puis déchirés et démembrés. Des bruits de chairs déchiquetées, de tendons arrachés et d’os broyés résonnaient sporadiquement dans le désert. Le cocon de volutes se brisa en un million de petites étoiles quand BigM refit surface, il murmura une courte imprécation, traça une rune complexe dans le sable… sorti sa dague, la posa sur sa peau… mais se ravisa :

- J’ai fais une promesse murmura-t-il.

Il reposa donc la lame, plaqua sa main sur le sol et insuffla au sable un peu de cette énergie qu’il avait appris à puiser dans son cœur… Un grondement sourd retentit, le sol se fractura brutalement : une zébrure de près de dix mètres déchira la roche devant le Chaman. Un gargouillis étrange se fit entendre et la terre éructa un flot de lave brulante. Le tapis en fusion glissa lentement, avalant indifféremment sable, pierres, débris végétaux et tout ce qui se présentait sur son passage. Un frémissement étrange en agita bientôt la surface et soudain, brusquement, un pilier de flammes s’éleva. De puissantes bourrasques de vent sculptèrent à même cette masse visqueuse une sorte d’œuf qu’une pluie torrentielle sortie de nulle part vint refroidir. L’ouragan se fit glaciale, la chute de température extrêmement brutale de la lave la fit se fracturer, se craqueler… les trois autres œufs se fracturèrent de concert… pour finir par éclore tous en même temps. Quatre déflagrations retentirent, arrachant au Chaman un mouvement de surprise : c’était comme si quatre feux d’artifice avait été lancé au même instant. Les trainés de lumière déchirèrent le ciel, celle émanant de l’œuf de lave explosa en quatre nouvelles trainés… le cœur du Chaman se gonfla quand il dénombra les 7 javelots de lumières… ils étaient venu…

Il se releva lentement et marcha vers l’extrémité sud de son disque de sable tandis que les boules de feu continuaient de s’élever dans le ciel à une vitesse vertigineuse. Le Chaman ferma à nouveau les yeux, ses runes se firent lentement braises de jade. Il murmura une courte imprécation, se tourna vers le disque délimité par ses arabesques et se lança dans un rituel tactile basé sur une gestuelle de chef d’orchestre : chaque mouvement de ses mains faisait jaillir quelque chose du sol. Que ce soit des planches, des ferrailles, des objets voir même des bâtiments entiers, c’était comme si le désert lui restituait une ville dans sa totalité. Un incroyable balai de matériaux se joua bientôt tout autour du Chaman, l’assemblage se fit à un rythme soutenu dans un ordre quasi militaire. La concentration du citoyen se lisait sur son visage, il devait reconstruire le vaisseau originel, celui qu’il avait invoqué deux ans auparavant et seuls ses souvenirs pouvaient l’aider à accomplir cette prouesse. Le point d’orgue de l’invocation de la ville fut la sortie des murailles qui surgirent d’un coup sec, comme la lame d’un couteau à cran d’arrêt. En quelques minutes, BigM avait fait renaitre le sanctuaire des Broyeurs… rien ne manquait, chaque tente, chaque baraque était à nouveau à sa place… et la taverne occupait le point centrale.

Le Chaman rouvrit les yeux et sourit…

Loin dans le ciel, une nouvelle explosion se fit entendre, suivit d’un concert de hurlements reptiliens, BigM leva la tête instantanément : ils étaient là, sept immenses dragons. Le plus grand semblait avoir été taillé à même la roche, ses formes étaient rocailleuses et brutes, ses écailles de granite, ses griffes de diamant et ses yeux rubis symbolisaient la puissance et la force. Le dragon né des flammes se distinguait par le chaos de son vole, il semblait consumé par une rage infinie. Ses écailles de laves, l’aura de flammes qui l’enveloppait ainsi la formidable chaleur qu’il dégageait semblait symboliser la fougue enragée des combats. Le dragon née de la pluie était couvert d’une armure d’écailles couleur azure, des reflets nacrés parcouraient son échine lui donnant une allure vivace, comme un éclair bleuté. Ses grandes ailes de cuir se confondaient avec le bleu du ciel… il symbolisait la vivacité d’esprit. Le dernier dragon élémentaire était affilié au vent, tout en lui ne paraissaient que courant, il était presque impossible de distinguer la suface de ses écailles. Constamment en mouvement, il symbolisait l’inconstance et la force des ouragans.
Les trois autres étaient issu de l’esprit du Chaman, l’un était noir comme la nuit… en son regard de braise couvait toute la brutalité, la colère et le fatalisme du citoyen… c’était un magnifique dragon noir, il se bataillait avec son homologue de lumière, un dragon gigantesque aux écailles couleur ivoire. Son aura illuminait le ciel, des volutes de son pouvoir tombaient en pluie éclatante, exaltant le cœur des témoins du balai draconique. Le dernier dragon, la chimère, était d’une inconstance la plus totale son vol n’en était pas un, pas plus que son corps ou même sa présence. Seuls ses yeux, deux vortex de couleurs, restaient encrés dans la réalité tandis que le reste de sa présence se transportait au gré de quelque chose d’extra planaire. Ils étaient là, les sept, les piliers des broyeurs… les valeurs qu’avaient portés BigM et ses camarades touts ces mois durant.

Le Chaman écarta les bras, paumes vers le sol et reprit ses imprécations… les arabesques continuèrent de se ramifier en profondeurs… de plus, les barbelés bourgeonnèrent de rameaux serpentins. Les nouvelles formations évoluèrent rapidement, s’entre nouant, se torsadant, créant un véritable réseau de lianes ascendantes. En quelques minutes, les arabesques avant tellement évoluées qu’un observateur extérieur aurait cru voir une sorte d’immense vasque de ronces mouvantes.

Les 7 firent un piqué, se saisirent des arabesques et tentèrent de reprendre leur envole… leur immense ailes battirent de plus en plus fort à mesure qu’ils se répartissaient la charge du vaisseau de pierre. Le Chaman posa un genou à terre et insuffla a son tour la quasi-totalité de son énergie dans le roc de son sanctuaire, la douleur de la concentration se lut sur son visage : le roc était inerte depuis longtemps et sa masse extraordinaire devait être ravivée. BigM chercha au plus profond de lui-même la perle qui lui avait donné ses pouvoirs, il l’enveloppa de ses souvenirs les plus beaux… il revit les visages de ses amis, leur envie de s’en sortir, le chemin parcouru, les prouesses accomplies, les sauvetages, les soirées, le envies, les larmes de joie, leur force de caractère, Celas et tout ce qu’elle représentait pour lui et surtout leur espoir… Le Chaman poussa un hurlement de détresse alors que le Rok se soulevait enfin, les ronces cabalistiques avaient miné le sous sol du vaisseau, fracturant méthodiquement la roche, séparant lentement l’immense plate forme de son socle. L’incroyable puissance des 7 alliée à la force de ses convictions et de l’espoir que la Taverne avait emmagasinée était presque suffisant… mais BigM savait qu’il aurait besoin d’aide… L’invocation des 7 et du sanctuaire lui avait couté si cher en énergie qu’il serait bien incapable de terminer le rituel… Il maintint cependant son effort en espérant qu’Elle viendrait…

Le Rok géant s’élevait doucement, des tonnes de terre et de roche… et cette ville, que les broyeurs avaient fait naitre au travers de la volonté du Chaman… le sanctuaire, lové dans les arabesques, soulevé par les 7, renaissait lentement de ses cendres…
Revenir en haut Aller en bas
http://les-contes-du-chaman.over-blog.com/
 
Renaissance...
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Broyeurs de cadavres :: Le temps passe-
Sauter vers: